La Horde
Maria Trofimova
Plaines désertes, paysages baignés dans la brume et bâtisses abandonnées, uniques traces de présence humaine… Maria Trofimova place le décor et nous plonge dans un climat post-apocalyptique à la manière des films du genre ou de jeux vidéo. Avec sa série “La Horde”, réalisée en 2007, elle nous offre la vision d’un monde dans lequel n’auraient survécu que des chiens. Leurs silhouettes se détachent, comme des apparitions, de la lumière émergente. A travers ses compositions, notre attention passe de vues de nature sans véritable horizon et dont les éléments à peine perceptibles nous rappellent des représentations oniriques, à des plans plus rapprochés de ces mystérieux protagonistes. Maria Trofimova semble suivre les bêtes dans leur errance, passant d’une ruine à l’autre en s’appropriant les lieux délaissés. Elle confère ainsi à sa série son unité d’ensemble. La meute devient à la fois sujet et vecteur du regard de la photographe, comme pour nous montrer une réalité autre, une réalité choisie par ses soins. Avec “La Horde”, elle introduit les bases d’un travail plus général lui permettant d’accéder aux limites fragiles de la photographie entre fiction et réalité ou, comme elle le dit, entre « faux documentaire et fiction involontaire ». Ce qui l’intéresse : brouiller les pistes, ne délivrer aucun repère spatio-temporel. Elle amène le spectateur à emprunter les chemins de traverse et le confronte à son imagination ou à ses rêves. À lui de trouver le fin mot de l’histoire.
Année de production : 2007