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Journées photographiques de Bienne, 3.–26.5.2024

Work in progress
Ruth Erdt

La zurichoise Ruth Erdt a le sens de l’ambivalence et de l’ambiguïté. Les images de son « work in progress » ne sont pas ordonnées selon la chronologie, ni selon le contexte d’élaboration. Elles forment bien plus un ensemble hybride, un puzzle, au confluent des genres. Dans un esprit fragmentaire, Ruth Erdt photographie tour à tour ses enfants, ses amants, ses amis, mais aussi des modèles professionnels, sans distinction, à la manière d’instantanés qui racontent une histoire, la sienne, celle des autres, la nôtre également, en tant qu’elle nous renvoie à nos sensations et à notre sens imaginatif.

Qu’en est-il de la composante documentaire de ce travail ? La photographe donne-t-elle à voir un témoignage partiel de son existence et de ses expériences humaines ou, au contraire, une fiction, à laquelle notre imaginaire est convoqué ? Ces photographies ont-elles été prises spontanément ou résultent-elles d’une mise en scène ? Ruth Erdt laisse planer les doutes à envi, ce qui confère une originalité à son travail.

Si la série est fragmentaire dans son contenu, elle tisse un lien cohérent dans son rendu. Ruth Erdt accorde en effet une attention toute particulière à la matière et à la lumière, faisant du rendu de la peau et des ses différentes carnations un thème central. Du blanc au violacé, en passant par des tons orangés et rougeâtres, elle explore ses diverses valeurs, autant que sa composante sensuelle, dans des tons le plus souvent crus et blafards. Ses enfants, les différents protagonistes et les mannequins professionnels, avec lesquels elle a établit une relation de confiance et qu’elle photographie depuis plus d’une quinzaine d’années, exhalent un parfum de sensualité, constamment présent. Ces images mettent aussi l’accent sur l’émotion qu’elles peuvent procurer au spectateur, en tant que Ruth Erdt nous invite à un processus d’identification par le familier.

A l’opposé d’une conception lisse et nette de la mode qui privilégie souvent le glamour, la zurichoise laisse apparaître les défauts de l’enveloppe corporelle. Par cet apparence un peu fragile, qui contraste avec l’habituelle impression de masque, ces portrais sont aussi perméables aux différentes émotions qui habitent les modèles. Qui plus est, les mannequins ne se distinguent en rien de celles et ceux qui font partie de son monde intime. A contre-courant, imprégnées d’un esprit libertaire par rapport aux canons habituels, ses photographies n’en constituent pas moins une forme de photographie de mode, mettant en scène le corps en tant qu’élément déterminant autour duquel s’articule la prise de vue. Une série de photographies de Ruth Erdt qui met en valeur les vêtements de Christa de Carouge est présentée aux Journées photographiques de Bienne et réalisée spécialement pour l’événement.

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