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Journées photographiques de Bienne, 3.–26.5.2024

Der stille Gast
Chantal Michel

Pour Chantal Michel, les sujets et les objets ne sont pas des catégories définies, l’un peut être pris pour l’autre et inversement. L’humain peut être une marchandise, comme les choses peuvent prendre des traits anthropomorphes. La photographe fait office de médium dans une sorte de royaume intermédiaire, où elle incarne un ange (protecteur), un esprit (frappeur), voire même un (non-)être. Elle a un flair prononcé pour ces détails qui évoquent le passé comme les moquettes, les lampes ou les tapisseries qui, malgré leur caractère ordinaire, laissent un goût d’étrangeté. Lorsque l’artiste investit, dans un déguisement approprié, ces intérieurs décalés où seuls restent des meubles oubliés, et y pose comme si elle en faisait partie, la scène se charge alors d’une touche de grotesque et de folie.

Le processus de réduction qui consiste à limiter l’action du sujet à son immobilité et à sa raideur, et donc à son état de chose, agit à chaque fois comme une contradictio in adiecto photographique ; elle est une poupée vivante, une chose anthropomorphe sans identité. Faire le mort – attitude qui cite une forme de jeu théâtral – est aussi une performance qui consiste à se replier sur sa propre personne et s’en tenir aux faits, voire à les nier. Dans le cas de Chantal Michel, il ne s’agit pas d’un défaut psychique, mais elle incarne plutôt son propre grotesque avec un humour enfantin ; lorsqu’elle ferme les yeux ou n’en regarde pas d’autres, elle est sûre que les autres ne la voient pas.

Fritz Franz Vogel

headphone Chantal Michel

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