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Journées photographiques de Bienne, 3.–26.5.2024

Les Dérangeuses
Catherine Gfeller

Les collages, constitués d’images qui se chevauchent, développent tout leur effet lorsqu’ils sont observés avec suffisamment de recul. Les différents objets du quotidien, dont des chaises, armoires ou vêtements, forment alors une composition esthétique étonnante, uniforme, rythmique et colorée. Tel un poisson dans un aquarium, les Dérangeuses, sans visage, anonymes et pataudes, semblent chercher leur équilibre en glougloutant dans ce désordre organisé. En s’approchant à nouveau de l’image, on réalise qu’il ne s’agit pas simplement d’une chambre mise sens dessus dessous : les différentes dimensions et les angles de perspective des épreuves superposées sont décalés et manipulés de façon à donner le vertige. Même la force de la raison ne parvient pas à amener le moindre ordre dans ce désordre.

Après avoir tenté de capturer l’éloignement dans ses prises de vue de paysages désertiques, et consacré dix années au trop-plein des grandes villes comme Paris et New-York, Catherine Gfeller, nomade en quête constante de sens, continue son parcours en collectionnant des éléments qu’elle combine sous forme de symboles et de collages colorés. De manière intuitive ou aléatoire, l’artiste agence des objets trouvés, jusqu’à les rendre presque méconnaissables. C’est la vision d’ensemble qui révèle la mise en scène. Lorsque la photographe trouve le temps de se retirer chez elle, après désert et mégalopoles, son appartement lui sert de scène introspective où se jouent agitation et quête intérieures. Les images qui en résultent nous donnent le sentiment d’être assourdis par le tintamarre des grandes villes mais aussi, paradoxalement, par le silence des profondeurs sous-marines ou du désert. Le MAKE BELIEVE (faire croire) de Catherine Gfeller trouve en quelque sorte son aboutissement dans l’idée que le sens et l’ordre ne peuvent être conçus que dans le désordre total.

Pascal Kaegi

headphone Catherine Gfeller

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