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Journées photographiques de Bienne, 3.–26.5.2024

Espaces nomades
Matthieu Gafsou

Aussi sauvages et hostiles que le ciel peut paraître menaçant, les paysages sans présence humaine de la série «Espaces nomades» semblent presque surnaturels tant la colonisation de ces derniers territoires vierges semble inévitable. Ils n’ont cependant pas encore été domestiqués pour donner des parcs ordonnés mais seront sans aucun doute la cible de futures transformations puisque même la dense forêt tropicale porte désormais les marques de l’homme qui n’hésite pas à balafrer sa chair verdoyante pour mieux y marquer son emprise. En prenant ici la forme de routes et de chemins qui permettent de s’approprier le paysage qui fut il n’y a pas si longtemps inapprivoisé, la civilisation semble avoir remporté la bataille. Loin de la ville et de l’espace public urbain qui occupent une place importante dans son travail (comme par exemple dans «Surfaces»), la série «Espaces nomades» de Matthieu Gafsou questionne de manière subtile le rapport de l’homme à la nature et met en scène l’inéluctable domestication des derniers espaces vierges. En définissant la nature comme une construction, voire comme une simple réalité fantasmée, elle réfléchit subtilement aux difficultés de sa représentation et de son authenticité présumée.

Les tentatives d’appropriation et d’assujettissement des étendues sauvages par l’homme qui y plante sa tente, sa caravane ou son mobile-home pour y créer un ordre rassurant illustrent ce qui pourrait être simplement considéré comme des pratiques culturelles qui tendent finalement à fabriquer le paysage. Pratiquement ubiquiste, la marque de l’homme sur son entourage (naturel ou urbain) est questionnée dans l’ensemble du travail de Matthieu Gafsou qui joue subtilement à la mettre en avant ou à l’occulter par un fin travail de cadrage et un intéressant jeu sur la lumière. L’alternance entre les espaces vierges et la nature en voie de colonisation ou totalement domestiquée permet ainsi de repenser l’évolution de l’homme dans la nature et sa quête obstinée du paysage inexploré. (Yan Schubert)

Année de production : 2008

headphone Matthieu Gafsou

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