ADANK-Untitled, from the series «Vaults»
Thomas Adank

Sécurisées et réputées inviolables, les salles des coffres des instituts bancaires sont par excellence des lieux secrets et clos, soustraits au regard du public. La série « Vaults » de Thomas Adank ouvre cependant la porte à ce monde qui paraît de prime abord totalement impersonnel et dénué de vie. Si elle révèle un univers uniforme coupé de la réalité et du temps, elle excite aussi la curiosité du spectateur. En se gardant d’évoquer ce qui se cache derrière les serrures verrouillées, Adank semble se jouer du paradoxe entre le côté artificiel de la salle des coffres et l’intimité de leur contenu qui reste inaccessible. Il accentue ainsi le contraste entre ces espaces froids et inhumains et les trésors à forte valeur sentimentale ou réelle qui y reposent et qui sont autant de bribes de vies et de traces d’histoires personnelles.

Enfermé dans un endroit qui devait en fait lui rester interdit, le spectateur est confronté à une sorte de huis clos d’où l’homme semble avoir disparu. Plongé dans ces salles confidentielles à l’abri des regards indiscrets, il est astucieusement pris au piège des constructions photographiques de l’artiste qui rappellent dans un certain sens l’installation de Christian Boltanski au Bundestag de Berlin (« Archiv der deutschen Abgeordneten », 1999). En mettant en scène ces lieux impénétrables qui donnent une impression labyrinthique, Adank semble transformer ces décors muets en véritable dédale pour mieux abandonner le spectateur à ses propres questions. En construisant ses images par un cadrage minutieux et une recherche subtile de la lumière, Adank souligne la sobriété de cette architecture fonctionnelle et joue avec son esthétique minimaliste pour accentuer le sentiment de malaise du spectateur dont les repères ont disparu dans ces endroits inhabituels.

Yan Schubert

Catalogue

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