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Journées photographiques de Bienne, 3.–26.5.2024

Gyoshos – Messagères d’un autre Japon
Andreas Seibert

Nous n’attendons pas des vieilles personnes qu’elles travaillent encore. Elles doivent, dans la mesure de leurs possibilités, jouir de la vie. Madame Kawai de la province de Chiba, qui est à la bordure est de Tokyo, est âgée. Elle a 84 ans. Et elle est une « Gyosho ». Les deux caractères japonais pour « Gyosho » signifient « aller/conduire » et « faire du commerce/marchander ». On pourrait donc traduire « Gyosho » par « colporteuse ».

Chaque semaine, du lundi au vendredi, Madame Kawai amène son lourd ballot de 60 kilos de légumes, fruits et produits à base de riz à Tokyo pour les vendre. Et ceci depuis plus de 60 ans. On pourrait penser que ce dur labeur l’aurait aigrie et ravagée. Pas du tout : Madame Kawai est une femme forte, heureuse, rayonnante et faisant preuve d’assurance. Comme la plupart des colporteuses que j’ai rencontrée.

Lorsque j’ai vu pour la première fois des Gyoshos à Tokyo, j’ai tout de suite été frappé par leur apparence. Ces vieilles petites femmes courbées dans leurs habits paysans et avec leur gros ballot de légumes sur le dos détonnaient au milieu de l’agitation trépidante et affairée de la grande ville moderne. Elles me paraissaient des messagères d’un autre Japon, plus ancien.

En 1949, près de 3000 Gyoshos arrivaient chaque jour de Chiba à Tokyo. Aujourd’hui, l‘« Association de la ligne de Keisei » ne se compose plus que d’environ 120 femmes. Comme les jeunes femmes ne veulent plus travailler comme Gyoshos et que l’âge moyen des Gyoshos actives est d’environ 70 ans, leur nombre diminue rapidement.

Les images montrées ici sont le résultat de deux bonnes années de travail. Avant de vraiment pouvoir prendre les premières photographies, j’ai dû établir un contact avec ces femmes. Comme leur association est très fermée et hiérarchisée, cela ne fut pas si simple. Il a fallu beaucoup de patience et de compréhension de part et d’autre. Mais après, elles m’ont permis de prendre des images, ce qu’aucun autre photographe avant moi n’avait encore pu faire.

Dans une dizaine d’années, il n’y aura plus de Gyoshos. Mais je continuerai d’essayer de témoigner de leur héritage par le moyen de la photographie; parce que je recours à l’une des propriétés élémentaires de la photographie: capturer le temps.

Andreas Seibert

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