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Journées photographiques de Bienne, 3.–26.5.2024

Le long adieu
In lungo addio

« Ils étaient des centaines de milliers. Ils venaient du Sud profond, de Sicile, d’Apulie, de Basilicate et de Calabre. Ils venaient du centre de la Péninsule et beaucoup d’entre eux du Frioul ou du Veneto. Le Nord représentait du travail et des revenus, c’était une promesse. Ce qu’ils vécurent fut très souvent la privation, toujours de mauvaises surprises. Il ne devait y avoir au début que des hommes et des femmes aptes à travailler qui avaient l’autorisation de se rendre là-bas; le pays d’accueil, la Suisse, voulait des forces de travail, pas des concitoyens étrangers. »

« Il lungo addio » montre un aspect important de l’histoire de l’Italie et de la Suisse. L’émigration des travailleuses et travailleurs italiens en Suisse entre 1950 et la fin du siècle forme une partie des grands flux d’émigration qui menèrent depuis le 19ème siècle d’Italie dans l’Europe entière et ensuite en particulier en Amérique du Nord et du Sud.

Ce n’est pas un hasard si dans le cadre des Journées photographiques de Bienne, on montre une exposition qui traite de cette thématique. Son contenu entretient une relation étroite avec l’histoire de la ville de Bienne : dans les années 50 et 60, beaucoup d’émigrés italiens trouvèrent du travail dans l’industrie horlogère alors en plein essor. Bienne représenta longtemps la ville ouvrière typique et possède encore aujourd’hui de nombreuses communautés allophones. Bienne, la ville bilingue, tire une partie de son identité de la cohabitation de diverses langues et cultures.

L’exposition a également un lien direct avec le thème du festival de cette année, la photographie de reportage. Une fois de plus, le médium photographique justifie son caractère documentaire : témoigner, raconter des histoires. Selon la célèbre formule de Max Frisch selon laquelle on appela des travailleurs et où «ce furent des hommes qui arrivèrent», l’exposition documente des destins individuels, retient des moments, des hommes dans leur voyage entre leur provenance et leur destination. Chaque image est un témoignage et raconte sa propre histoire – emblématique de l’histoire de centaines de milliers, en tout de millions, d’émigrantes et d’émigrants.

Différents thèmes sont ainsi abordés : les conditions précédant l’émigration, le départ, la traversée de la frontière – l’arrivée, les premiers contacts, les places de travail – le travail, le logement et les quartiers d’habitation – les loisirs, les jours fériés et les fêtes : beaucoup d’ennui, souvent la nostalgie du pays, et parfois la tentative de rentrer.

L’exposition n’est pas une monographie sur le thème de l’émigration des travailleurs italiens en Suisse. Celle-ci a été décrite ailleurs avec les moyens de la science, de l’écriture de l’histoire et de la sociologie. Ce que nous avons réuni peut être une sorte d’épopée photographique – comme le titre italien «Il lungo addio» y fait penser – un chant, une ballade ou, si l’on veut, plus simplement une histoire en images.

Une grande analyse photographique sur ce sujet n’a jamais été établie jusqu’à présent. Sa réalisation ne représente pas seulement une nécessité historique et médiatique, mais aussi une dette qui témoigne de notre gratitude pour l’enrichissement culturel et social de la patrie d’accueil.

Extraits de « Il lungo addio. Le long adieu », édité par Dieter Bachmann , Limmat Verlag, Zürich 2003

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